Juin 2024, François Pinault, propriétaire du Stade Rennais depuis plus de 25 ans, annonçait sa volonté de construire un nouveau stade de 45 000 places à Rennes. Un an plus tard, le projet semble avoir été abandonné au profit d’un potentiel agrandissement du Roazhon Park. Cependant, les contours de ce projet restent encore très abstraits, au point de se demander s'il n’a pas du plomb dans l’aile.

L’ambition écartée du nouveau stade

La construction d’une nouvelle arène, projet imaginé par Jean Nouvel, proche ami de la famille Pinault, a vu très vite de nombreux obstacles se dresser face à elle. 

Le premier d’entre eux, celui du financement. Le milliardaire breton a tout de suite annoncé la couleur en promettant un financement intégral de sa part. L’endroit trouvé, l’ancienne friche de la Barre Thomas située route de Lorient, de l’autre côté de la rocade, à quelques centaines de mètres du Roazhon Park. Problème, le lieu choisi s’est avéré pollué au niveau de ses sols, rendant la dépollution coûteuse et longue. 

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Autre inconvénient, l’accès à la nouvelle enceinte aurait été rendu compliqué par le manque d’infrastructures, la station de métro Cleunay se situant à plus de 25 minutes. Le manque de parkings, qui pose déjà problème les soirs de match avec de nombreux stationnements illégaux, n’aurait par ailleurs rien arrangé. Le futur réseau de tram-bus qui redessinera la desserte de la capitale bretonne pourrait atténuer ce problème grâce notamment à la ligne 2 qui desservira la route de Lorient même si elle ne pourra pas le résoudre complètement.

Enfin, l'opposition farouche de la mairie s’est avérée décisive. En effet, elle n’a cessé d’investir depuis le début des années 2000 dans l’enceinte actuelle (rénovation complète du stade en 2004, installation des écrans géants en 2008, changement de nom et installation de sièges aux couleurs du club en 2015, rénovation des loges….). Tous ces arguments ont fini par décourager les propriétaires dans leur projet. 

Le projet d’agrandissement, simple utopie ou véritable objectif à long terme ?

Le nouveau stade semble définitivement avoir été mis de côté comme le confirmait Alban Gréget, récent ex-président du conseil d’administration en mars dernier. Cette nouvelle a rassuré de nombreux supporters qui restent attachés au Roazhon Park. En effet, il représente toutes les deux semaines depuis plus d’un siècle le cœur battant de la ville et sa forme à l’anglaise lui ajoute une véritable identité.

L'agrandissement du centre d'entraînement de la Piverdière tout juste terminé au printemps dernier, la question de l'agrandissement du stade est revenue sur le devant de la scène après plusieurs mois de flottement. L’esquisse avancée, un agrandissement de plus de 10 000 places pour atteindre une capacité d’environ 40 000 spectateurs. La tribune Vilaine serait la principale concernée avec un potentiel rehaussement.

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Cependant, l’ensemble des acteurs restent encore très mesurés dans ce projet. En effet, plusieurs incertitudes tournent autour du club.

Les résultats en dents de scie de l’équipe depuis maintenant 2 ans remettent en question la nécessité de l’agrandissement. Les performances actuelles n’ont pour l’instant rien entaché à la ferveur du stade qui affiche toujours un taux de remplissage d’environ 95% tout au long de la saison et qui s’illustre par une demande toujours plus importante d’abonnements en début de saison. Mais il faut se rappeler qu’il y a encore quelques années le club peinait à remplir son stade avec des affluences qui descendaient régulièrement en dessous des 20 000 spectateurs. La peur de voir trop grand et d’avoir un stade clairsemé à l’instar du Groupama Stadium à Lyon ou de l’Allianz Arena à Nice peuvent freiner l’avancée du projet.

La question financière est également à prendre en compte. Là où l’arena Pinault aurait été financée à 100% par les propriétaires, l’agrandissement du Roazhon Park, propriété de la mairie, devra nécessairement passer par un financement, au moins en partie de cette dernière. Elle attendra sans aucun doute en contrepartie des garanties en termes d’écologie ou encore d’intégration dans le quartier. Le naming peut s’avérer être une possibilité pour financer l’agrandissement même si ce serait sans aucun doute mal perçu par les supporters qui s’étaient déjà largement opposés au “ Fortuneo Stadium “ en 2009.

Enfin, autre incertitude, et pas des moindres, celle politique. Nathalie Appéré, maire socialiste depuis 12 ans remettra son mandat en jeu en mars prochain. Un potentiel changement à la tête de la mairie pourrait redéfinir le niveau des relations entre cette dernière, la Métropole et le club.

La question de l’agrandissement du stade reste par conséquent très incertaine et ne devrait probablement pas se décanter avant plusieurs mois. Les supporters rennais vont donc devoir patienter…

Axel LECHARTIER