Rumeur de départ, contres performances, tensions entre joueurs et entraineur, échange musclé avec les supporters... avant enclenchement d'une nouvelle dynamique : la semaine écoulée a fait passer les supporters rennais par toutes les émotions. Retour sur 8 jours intense qui marqueront un tournant dans cette saison.
En ce dernier dimanche d’octobre, le Stade Rennais reçoit l’OGC Nice dans un duel entre prétendants à l’Europe. Les rouges et noirs restent sur un total de 4 matchs nuls consécutifs avec des scénarios tous plus frustrants que les autres. De leur coté, les Niçois sortent d’une contre performance 3 jours plus tôt en ayant encaissé une énième défaite en Ligue Europa face au Celta Vigo. La question de la suite de Habib Beye à la tête de l’équipe commence de plus en plus à se poser et ce match ne va rien arranger. Menés 2-0 à la mi-temps par des aiglons réalistes, les rennais rentrent au vestiaire sous les sifflets de leur public. Ils reviennent en seconde mi-temps avec des meilleures intentions et parviennent à réduire l’écart par l’intermédiaire d’Abdelhamid Aït Boudlal qui inscrit son premier but en professionnel. Malheureusement, le Stade Rennais finit par s’incliner en s’étant vu refuser le but de l’égalisation à 3 minutes de la fin. Suite à cette contre performance, les joueurs réalisent le tour d’honneur habituels pour remercier les 30 000 supporters présents à chaque match. Arrivés au pied de la tribune Mordelles, le RCK demande à s’entretenir avec les joueurs, chose que ces derniers vont esquiver en rentrant au vestiaire. Mécontent de ce manque de dialogue, les ultras rennais vont rester en tribune durant une bonne demie heure en exigeant que les joueurs reviennent sur leur décision. C’est finalement chose qui sera faite à la demande de la direction qui poussera 7 cadres à aller s’entretenir avec les supporters toujours présents ( Samba, Embolo, Fofana, Blas, Rouault, Brassier et Rongier ). Ce dernier, capitaine du club depuis le début de saison, prend ses responsabilités et délivre un discours rassembleur. L’échange semble plutôt constructif et les joueurs promettent que les choses changeront et qu’elles finiront par tourner en leur faveur.
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Après la défaite concédée la veille, la place d’Habib Beye parait très incertaine. Footmercato prend tout le monde de court en milieu d’après-midi en annonçant le limogeage de l’entraineur rennais par les dirigeants. L’information n’est cependant confirmée ni par le club, ni par d’autres médias. Elle semble plus incertaine qu’elle n’en a l’air et L’Equipe révèle finalement quelques minutes plus tard que Habib Beye, bien que sérieusement menacé, sera présent sur le banc 2 jours plus tard à Toulouse, avec une obligation de résultats. En réalité, une réunion entre entraineur et dirigeants s’est tenue à la Piverdière à la suite de l’entrainement de lundi, à la suite de laquelle la confiance envers le coach fut reconduite. La situation autour de Beye reste toutefois très tendue alors que des noms de potentiels remplaçants commencent à circuler ( Laurent Blanc, Igor Tudor, Philippe Clément ).
Jour de conférence de presse au Stade Rennais à la veille de la rencontre face à Toulouse. C’est un Habib Beye fragile qui se présente seul devant les médias, après qu’Arnaud Pouille ait refusé de l’accompagner. Il confirme rester à la tête de l’équipe et expose sa version des faits de la journée rocambolesque de la veille. Il affirme que sa tête était mise à prix mais que le soutien d’autres, estimant qu’il avait encore l’énergie pour changer la dynamique actuelle, a permis son maintien au club. Cette situation ubuesque illustre parfaitement le manque de cohésion et de cap clair entre les différentes composantes du club ( propriétaires, président, directeur sportif, joueurs ). Beye est par ailleurs reconnaissant envers la famille Pinault qui lui apporte son soutien depuis les premiers jours. Conscient de la fragilité de sa place, il annonce sa détermination à ramener un résultat de la ville rose le lendemain.
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Mercredi matin, Habib Beye annonce à la surprise générale, la mise à l’écart de Seko Fofana et de Ludovic Blas pour la rencontre du soir. La raison invoquée, un manque d’investissement à l’entrainement. Ce choix fort illustre la volonté de Beye de jeter ses dernières forces dans la bataille mais trahit peut être aussi, une certaine cassure entre une partie du vestiaire et l’entraineur. C’est une première mi-temps bien pale que nous offre toulousains et rennais dans ce match exceptionnellement programmé en semaine. Les deux équipes rentrent au vestiaire sur un score nul et vierge. En deuxième mi-temps, les rouges et noirs prennent l’avantage par l’intermédiaire d’Esteban Lepaul sur une terrible erreur d’Abu Francis. Il sera à l’origine du break de son équipe 5 minutes plus tard en servant parfaitement en profondeur Mousa Al-Tamari qui conclura entre les jambes de Guillaume Restes. Mais les supporters commencent à y être habitué depuis le début de saison, à 2-0, le Stade Rennais n’est jamais à l’abris. Et malheureusement, cela va encore une fois se confirmer. Les toulousains reviennent dans la partie 3 minutes plus tard avant d’égaliser à 10 minutes de la fin sur un penalty transformé par Donnum. Le match se termine pour la 6ème fois de la saison par un match nul. Après avoir échangé avec l'ensemble du groupe dans les vestiaires, Arnaud Pouille président du club se présente en après match devant les micros de L1+. Il annonce, malgré cet énième résultat frustrant, le maintien de Habib Beye à la tête de l’équipe.
2 jours après la non victoire à Toulouse et avant la réception de Strasbourg, Habib Beye se présente une nouvelle fois en conférence de presse. C’est un entraineur qui se sait plus menacé que jamais mais confiant de ce qu’est capable de réaliser son équipe qui apparait devant les journalistes. Il semble paradoxalement plutôt décontracté au vu de la semaine lunaire vécue par le club. Le sénégalais est notamment revenu sur le cas de Seko Fofana et de Ludovic Blas, écartés du groupe 2 jours plus tôt en affirmant qu’ils avaient toute leur légitimité pour réintégrer le groupe face aux alsaciens. Il a fortement insisté sur l’engagement et l’exigence que doivent avoir ses joueurs tant en match qu’à l’entrainement. L’ancien coach audonien tente de remobiliser les troupes après les troubles des derniers jours. Arrivé en janvier 2025, il joue ses dernières cartes en sachant que le match de dimanche sera très probablement décisif sur son sort à la tête de l’équipe.
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En ce premier match de novembre, les rouges et noirs reçoivent le Racing Club de Strasbourg, club européen qui réalise un début de saison séduisant. Les hommes de Liam Rosenior se déplacent en Bretagne avec l’espoir d’enchainer un deuxième succès consécutif après celui obtenu 4 jours plus tôt face à Auxerre. Les bretons, après 49 jours sans succès, se doivent de relancer enfin une nouvelle dynamique pour conforter leur entraineur à son poste. Habib Beye décide de réintégrer sur la feuille de match Seko Fofana et Ludovic Blas mais ne les titularisent pas d’entrée. Il décide de garder le même onze que sur le dernier match. Les rennais entament fort le match avec l’envie d’offrir enfin une belle prestation à leurs supporters. Dès la 9ème minute, Mousa Al Tamari déborde sur le côté gauche et adresse un centre millimétré sur lequel se jette au premier poteau Esteban Lepaul qui vient ouvrir le score. L’avantage deviendra plus conséquent à la 30ème minute suite à la réalisation de Kader Meïté pour le 2-0. Les rouges et noirs rentrent au vestiaire l’esprit plus libre mais les dernières semaines nous ont démontré qu’ils ne sont jamais à l’abris. Ils reviennent donc encore plus conquérants en seconde mi-temps et inscrivent le 3ème but dès le 48ème minute, grâce au doublé d’Esteban Lepaul. L’ancien angevin entre encore un peu plus dans le cœur des supporters 10 minutes plus tard, en inscrivant son premier triplé sous ses nouvelles couleurs. Lancé en profondeur par Valentin Rongier, il arme une lourde frappe sous la barre de Mike Penders qui fait exploser le Roazhon Park. Il sort en fin de match sous l’ovation de tout un stade, debout pour féliciter le héros du jour et de la semaine ( 4 buts, 1 passe décisive ). Entre temps, les strasbourgeois seront parvenus à réduire l’écart à 4-1, but largement insuffisant pour inverser la tendance de cette rencontre. Les rennais s’imposent haut la main et mettent en application les promesses adressées au public une semaine plus tôt. Habib Beye peut souffler, il a su démontrer sa résilience durant cette semaine éprouvante et montrer qu’il était capable de réaliser de belles choses avec son groupe.
Ces derniers jours auront vu l’institution rennaise traverser toutes les émotions. Au bord de la rupture en début de semaine dernière, elle ressort on l’espère plus solide, prête à enfin lancer sa saison et à se porter à la hauteur de ses ambitions.
Axel LECHARTIER