Une nouvelle fois repris au score ce dimanche à domicile face à Auxerre, le Stade Rennais n’avance pas au classement et commence petit à petit à se distancer des places européennes. Comment expliquer le début de saison en demi-teinte des rouges et noirs ?
A défaut d’avancer en championnat, le Stade Rennais a le mérite en ce début d’exercice de nous offrir des matchs à rebondissements. Il se distingue par une inconstance sur ses 8 premiers matchs qui a le don de frustrer l’ensemble des acteurs du club. Les joueurs ont produit de belles séquences de jeu à l’instar de la première mi-temps à la Beaujoire où le club réussissait à rentrer aux vestiaires avec une avance de 2 buts. Certaines actions sont remarquablement construites comme celle ayant mené au 2ème but face à Auxerre. Mais les joueurs ont cette fâcheuse tendance à se relâcher dès qu’ils semblent être à l'abri. Les joueurs baissent leur vigilance en pensant tenir le match et se mettent tout seul en danger.
Le match de dimanche en est l’exemple parfait. Le Stade Rennais commence fort la partie en tenant le ballon. Mais sur leur seule erreur défensive, consécutive à un ballon mal relancé dans l’axe par Quentin Merlin, les joueurs de Habib Beye encaissent l’ouverture du score. Derrière, les Rennais reviennent dans le match et prennent les devant suite au mouvement d’école conclu par Fofana mais se font revenir au score en fin de match par un penalty largement évitable concédé par Anthony Rouault. Et voilà le Stade Rennais qui perd encore 2 points dans la course à l’Europe. Le bilan commence à s’alourdir avec 5 matchs nuls frustrants qui auraient dû accoucher sur des victoires, au vu des scénarios. C’est paradoxalement sur les matchs où les rouges et noirs semblaient les plus malmenés, que les joueurs ont ramené leurs 2 victoires de la saison. Face à Marseille, ils sont réduits à 10 contre 11 dès la demi-heure de jeu mais parviennent à marquer l’unique but de la rencontre dans le temps additionnel sur leur rare occasion du match. Contre l’Olympique Lyonnais, ils sont malmenés une grande partie du match avant de basculer dans la folie en fin de match, suite au carton rouge généreux attribué à Morton.
© Le Progrès
Ce début de saison demeure compliqué à analyser tant le Stade Rennais est inconstant. Il n’y a pas de matchs références mais il n’y a pas eu non plus de rencontres catastrophiques, à l’exception peut être du duel face à Lens. Des joueurs s’affirment de plus en plus sur le terrain comme Seko Fofana ou encore Brice Samba qui réalise un début de saison remarquable. Le club tente de se reconstruire une identité sur le terrain en proposant du jeu qui se révèle parfois très alléchant mais se heurte à ses propres limites défensives et semble continuellement se saboter. Face à ce constat décevant, Habib Beye tente de garder la face mais sa place à la tête de l’équipe semble de plus en plus compromise.
“ Même si vous ne le méritez pas nous on est là !! “ Les mots entonnés par le Roazhon Celtic Kop à l’issue des matchs contre Le Havre et Auxerre peuvent paraître durs mais ils reflètent la réalité des ressentis des supporters en ce début de saison. Après 2 saisons ratées sur le plan sportif, ils exigent au vu des moyens investis, des résultats concrets de l’équipe. Malheureusement ces derniers tardent à venir sur le terrain et le mécontentement gronde en tribune.
La saison dernière a démontré une véritable cassure entre joueurs et supporters illustrée par la banderole déployée lors du dernier match contre Nice “ Une saison historiquement à chier “. Le départ des joueurs marquants dans l’histoire du club comme Benjamin Bourigeaud ou Martin Terrier ont beaucoup affecté les supporters. La relation toute particulière qu’entretenait ce premier avec ses supporters a marqué de nombreuses personnes. Leurs ventes ont laissé un grand vide qui depuis n’a jamais été comblé. Les supporters ne se reconnaissent plus dans les joueurs actuels et les sifflets vont bon train. L’arrivée lors du dernier mercato de deux anciens Nantais, Quentin Merlin et Valentin Rongier, a eu pour effet de renforcer ce fossé entre les deux parties.
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Plus aucun joueur ne semble vouloir aujourd’hui s’imposer en tant que leader dans ce vestiaire. Aucun d’entre eux ne prend la parole publiquement au nom du groupe et personne n’a l’air de tenter de remobiliser les troupes dans ces périodes délicates. Les joueurs donnent l’impression d’éviter le contact avec les supporters lors des contre performances à domicile, alors que ces derniers aimeraient qu’ils viennent en bas de la tribune, pour pouvoir échanger avec eux. Le Stade Rennais semble avoir perdu ce qui faisait sa force : une union joueurs supporters pour mener le club le plus haut possible.
3-5-2, 4-4-2, 4-5-1, Habib Beye semble avoir tenté toutes les compositions possibles depuis son arrivée en janvier dernier, sans trouver un système de jeu stable. Face à un coaching qui laisse parfois à désirer, les critiques commencent de plus en plus à fuser envers l’ancien consultant de Canal+. Il tente d’imposer son autorité sur l’équipe, volonté tout à fait légitime au vu de son manque d’expérience mais il le fait sûrement de manière maladroite. Son interdiction imposée aux joueurs d’aller s’exprimer devant la presse à la suite du match contre Lens a pu mal passer au sein de la direction. Il a démenti les rumeurs de mutineries avancées dans la presse menée par Seko Fofana et Brice Samba à l’issue du match contre Lens. Et surtout, il n’a cessé de relativiser les critiques sur le début de saison du club, notamment en conférence de presse vendredi dernier. Il a défendu son bilan ( seulement une défaite ) et sa légitimité à la tête de l’équipe en mettant en avant sa relation avec l’effectif.
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Mais le constat est là, le Stade Rennais patine et prend du retard sur ses objectifs de début de saison. La fronde commence à monter, tant côté supporters que côté direction et malheureusement pour l'entraîneur francilien, le coach est très souvent le premier fusible à sauter lorsque les performances peinent à venir. Les jours de Habib Beye en Bretagne semblent désormais compter qui pourrait voir son aventure stopper nette prochainement.
Axel LECHARTIER